mardi 17 février 2009

Artisanat - Broderie

La broderie, grande tradition séculaire, nous met en face d'indices passionnants de la vie passée. Les ouvrages crées durant des générations éclairent plus d'un sur la vie d'antan, les motifs. les costumes et les techniques de production nous indiquent d'une bien belle manière comment vivaient nos aînés. Les aspects différents de la vie de tous les jours sont "racontés" sur des étoffes délicates, parfaits indices du potentiel imaginatif et créatif qui sont un témoignage de savoir-faire, indissociable de la maîtrise des matériaux au service de la grâce. L'utilisation de la laine, de la soie. du lin ou bien du coton est universelle. de même pour le choix de certains points comme le point de chaînette et le point de croix que l'on retrouve dans le monde entier. Au niveau des formes on aura observé que certains motifs suivent très nettement les axes de commerce et... les voies de la colonisation. Les signes religieux dus aux référents traditionnels marqués sont très répandus sur les ouvrages. En Algérie, la broderie n'a connu de véritable essor qu'après la colonisation turque. Ces derniers ont opté pour des tendances stylistiques enrichies par des apports arabes et perses. L'apport andalou n'est pas négligeable, de ce fait le maghreb hérite dès le XVème siècle de ses incidences artistiques dont les villes d'accueil sont Rabat, Fés. Tlemcen. Alger et Tunis. De cette symbiose de styles andalou et turque naquit un art décoratif dont l'exquise expression trouvera son épanouissement au XVIIIème et XIXème siècles à travers de superbes broderies sur taffetas, sur étoffes légères. étaminées (étoffe mince non croisée). sur du velours ou du cuir. Un art qui se perpétue de jour en jour. d'année en année. avec cette magie renouvelée inscrite sur soie. Délicieuse incursion dans des mondes de sensualité latente qui se délie doucement sur des tissus à la beauté pure, les femmes, garantes de la revalorisation de la broderie, se partagent le savoir-faire et s'échangent les formes nouvelles et les calques aux motifs riches en graphismes.

Alger
L'ancienne Djezaïr excelait dans la broderie fine comme en atteste les bonnets de bain « Bn'niqa » écharpes ou pinceaux de soi violette, déroulées sur soie légère jaune, rouge ou bleue sur fond blanc, on n'oubliera pas de noter que les "qats". "les cattans". "Les karakous"... étaient et restent d"ailleurs toujours considérés comme de la haute couture. Les techniques de réalisation de ces broderies répondent à la description suivante: " El-gargaf ", métier à broder dérivé du mot turque (gurgaf) qui signifie atelier. Celui-ci servait à tendre le tissu a broder. il était fixé par des épingles sur un coussin posé sur les genoux. Le gurgaf est un appareil long de un mètre à un mètre vingt formé de deux bras. portés sur quatre pieds. Les matériaux employés pour les mariages et fêtes sont le fil d'or. La fetla est un gros fil d'or à âme de soie. La fetla ordinaire possède un faible degré d'or. ce qui la rend différente de la Fetla pure (El-hourra) qui est composée de 90% d'or. Les costumes de fêtes et de mariages nous donnent souvent l'occasion de voir des n'djum (étoiles). fin es paillettes dorées ou argentées. cousues sur le vêtement dans une harmonie savante facilitée par un dessin pointilleux réalisé sur le tissu qui est souvent en velours. El-kentir (canetille) vient de l'espagnol canûtillo (canûto = roseau) qui est un fil d"or enroulé en spirale que l'on retrouve comme ornement sur des costumes andalous (castillans) et algérois. Le support de ces broderies est comme cité plus haut, un tissu de valeur: velours. satin lourd, voile de soie et linon. Les motifs ne répondaient pas à un canevas précis, la brodeuse laissait courir son aiguille selon son imagination.

Annaba
C'est une broderie en frise que l'on retrouve sur des bordures de robes longues de coton. Les motifs sont généralement floraux (fleurs à cinq pétales). La brodeuse de Annaba s"inspire beaucoup des travaux réalisés à Tunis. d'ailleurs on nomme couramment cette broderie le Nabeul. Dans la région Annabie. le point de croix reste le plus usité. mais il n'existe pas d'objets brodés en grand nombre. hormis un travail sur les nappes et sur les rideaux.

Miliana
La broderie de Miliana n'a rien à envier à celle d'Alger, car l'axe Blida, Koléa et Médéa offrent en fait des déclinaisons similaires à l'algérois, il ne faut pas oublier que les "hadras" ou citadins restent très influencés par les apports turques. arabes et andalous. ce qui nous donnera un type de broderie de Miliana assez proche de l'algérois. Les objets seront aussi très colorés avec quand même un certain épurement des ornementations qui sont moindres par rapport à l'algérois. Le point reste lié à la fetli et au point de croix pour les napperons, sets de tables et trousseaux. Mais les objets honorent souvent la gent féminine à travers des costumes tels que les quats, caftans et autres karakous.

M'nea
La broderie de M'NEAA, découle directement de la technique du tissage. ce qui nous donnera un style de broderie qui brille par son originalité. La ville de M'neaa est très réputée pour ses tapis. ce qui fait que le point utilisé est réalisé au fil de laine très fine qui laisse la place de temps à autre au fil de coton. le point de croix revient dans la majorité des travaux. La réalisation de ces ouvrages répond à une succession d"opérations. La femme dessine des Formes géométriques sur un support de laine dans une gamme de couleurs qui restent les ocres. Le tissage représente une grande industrie artisanale. ce qui se fait au détriment de la broderie. qui de ce fait reste peu appréciée par les gens de cette région. à l'époque coloniale. les missions chrétiennes ont ouvert des ateliers de broderie gérés par des sours, ces dernières ont introduit de nouvelles techniques dont les résultats donnaient des ouvrages subtils et élaborés au niveau des formes et des couleurs qui sont devenues chatoyantes et variées, introduisant une nouvelle tendance stylistique, car les inspirations graphiques venaient à vrai-dire du nord du pays.

Touggourt
La broderie de Touggourt : très proche du M'zab, la ville de Touggourt offre des similitudes dans le style de Ghardaïa. Les supports sont des tissus à tissages fins en laine dont l'inspiration première reste liée à l"environnement immédiat. Les broderies sont donc illustrées d'étoiles. de lézards. de signes tamazight. de zigzags. etc... Le fil de broderie est essentiellement en laine ou en coton. on utilise plusieurs couleurs sur un même support: jaune, rouge, vert, blanc. A Touggourt. les objets brodés sont des coussins, des châles et des tuniques, travaillés souvent au point de croix.

Source:

http://www.aldjazair.net/index.php?page=artisanat_broderie

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